TRIBUNE : L’électricité peut-elle vraiment être verte ?

L'électricité peut-elle vraiment être verte ?
L’électricité peut-elle vraiment être verte ?

Vous trouvez ci-dessous un article personnel d’un observateur attentif de la biodiversité, qui s’interroge, et vous partage ici ses inquiétudes documentées sur l’électricité dite verte (Photos, dessin & texte Jacques Lefebvre ©).
Ainsi, vous pourrez vous-même vous interroger sur les risques importants d’une exploitation forestière industrielle intensive au service de la production d’électricité.

Electricité verte ? Vraiment ? Ou vert-tueuse ?

Après le charbon, le fioul, le gaz, le nucléaire, hydroélectricité, le photovoltaïque, l’éolien, … : voici venir les fournisseurs d’électricité verte !

La terminologie technique utilisée nous abuse-t-elle ? (ou est-ce simplement du “Greenwaching”)
Ainsi entre bilan carbone neutre, biomasse, méthanisation, récupération, filière bois, électricité renouvelable… On finirait par croire que la production d’énergie électrique est sans incidence sur l’environnement et la biodiversité ! C’est pourtant loin d’être le cas (lire ci-dessous)…

Exemple des centrales thermiques « bois énergie »

Ainsi les dépliants et prospectus divers de la filière, non renseignés des effets négatifs, de ce mode de production « écologique », vous parlent de récupérations des chutes de scieries, du recyclage de palettes usagées, des déchets des entreprises d’espaces verts, des délaissés d’exploitations forestières… Ne brûlent-ils vraiment que cela ? Non il ne s’agit que d’une faible partie de la consommation annuelles de ces centrales…
Et le reste alors ? Il est constitué des plaquettes forestières sur lesquelles nous revenons ci-dessous…

Les bioénergies ne couvrent que 1,6 % de l’électricité consommée sur l’année 2019 (source : Panorama de l’électricité renouvelable au 31 décembre 2019). Dans ces publications, les puissances en GW sont utilisées, mais il est difficile de trouver le nombre exact de centrales en fonction aujourd’hui. Par contre, de nombreux projets sont à l’étude pour négocier « la transition écologique »…

Faut-il avoir des craintes pour la biodiversité ?

La centrale de Gardanne, Bouches-du-Rhône (source internet : Reporterre) aura une consommation annuelle à terme de 850 000 tonnes de bois (d’origine parfois lointaine, comme le Brésil).

Si celle-ci devait n’utiliser que des plaquettes forestières locales, voici ce que cela donnerait :

  • Prenons l’hypothèse d’une benne de camion de 63 m3 (gros camion), une densité maximale par m3 de 350 kg pour les plaquettes forestières (la moyenne est plutôt de 300 kg), une benne pleine pèserait donc 22 050 kg (~22 tonnes).
  • Reprenons la consommation annuelle de la centrale de GARDANNE donc 850 000 tonnes divisées par 22 tonnes, il faudra 38 636 trajets simples de camions; avec le retour à vide, on obtient 77 272 passages.
    La centrale fonctionnant 365 jours sur 365, cela donne 211 passages de camions journaliers pour les riverains…
  • Le rendement en bois sec d’une forêt exploitée est 7 à 12 tonnes l’hectare par an. La seule centrale de GARDANNE raserait donc une superficie de 70 833 ha de forêt.
  • Le carburant de ces camions sera t’il bio ou pas ? Si c’est du biodiesel, est-ce vraiment écologique ? Huile de palme, ou cultures pour fabrication de bio carburant, c’est une biodiversité plus ou moins lointaine qui en fera le frais… En plus du CO2 et des particules fines , ou des substances radioactives qui s’arrêtent aux frontières ?

Donc est-ce si écologique que cela ?

Cela pose question, et mérite d’être surveillé de très près ! Comme moi, lors de sorties forestières ou vos déplacements, vous voyez sur le bord des routes de plus en plus de tas comme ceux-ci non ?
Ces volumineux amas proviennent souvent de coupes à blanc. Effectuées quel que soit la saison, donc, espèces protégées ou pas, faune et flore passent un sale moment !

Nous ne sommes plus au temps du débardage avec des chevaux ou du schlittage, ces machines dont la puissance dépasse la raison, parcourent allègrement dénivelés, troncs au sol, buissons, fossés… Rien ne résiste, la rapidité d’exécution est fantastiquement dramatique !
Sur ces parcelles, après le tassement par ces engins de plus en plus lourds, (industrie oblige), il en sera fini de la cueillette automnale de champignons; les mycorhizes et les symbioses du sous-sol sont ratatinés ! Les sols dévastés et tassés s’imperméabilisent et accélèrent le ruissellement, le sous-bois mettra des années avant d’en estomper les dégâts… au minimum 10 à 25 ans….

Conclusion, la production d’énergie propre n’existe pas vraiment, il y a toujours des conséquences sur la nature et la biodiversité, des impacts pour les générations futures. La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas et qui ne produit pas de dioxyde de carbone ici ou ailleurs...
Pour réduire l’impact sur la nature pas le choix il faut réduire de notre consommation d’énergie !

Photos, dessin & texte Jacques Lefebvre ©                           
Sources consultables sur le net :
https://www.rte-france.com/sites/default/files/panorama2019-t4-bd2.pdf).
https://reporterre.net/La-centrale-a-biomasse-de-Gardanne-est-un-contre-sens-ecologique-selon-les
http://www.journaldelenvironnement.net/sites-sols/
https://youtu.be/ESK8zFj9Jf0

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