Diversifier les cultures
Celui-ci rassemble pour la première fois un nombre conséquent de preuves empiriques sur les effets positifs de la biodiversité cultivée sur les agroécosystèmes.
Damien Beillouin, chercheur au Cirad spécialisé en analyse de données agronomiques et premier auteur de la publication, en souligne l’ampleur.
Jusqu’ici, la plupart des études étaient dispersées. Avec ce travail, nous synthétisons les impacts quantifiés de plus de 5 000 expérimentations de terrain, effectuées dans le monde entier, de 1936 à aujourd’hui.
Article, paru le 18 juillet 2021 dans Global Change Biology
Cinq grandes pratiques de diversification
Les scientifiques y détaillent les effets de cinq grandes pratiques de diversification des systèmes de culture, en fonction de la diversification dans l’espace et le temps.
- L’agroforesterie consiste à inclure dans les systèmes de culture ou d’élevage une végétation ligneuse, tels que des arbres ou des arbustes. Quelques exemples :
- les cultures en allées,
- les parcelles agricoles entourées de haies,
- les parcs agroforestiers,
- les cultures pérennes sous ombrage…
- Les cultures associées consistent à cultiver plusieurs espèces différentes dans le même champ. Par exemples :
- les cultures en relais (semis sous couvert de la culture précédente),
- les cultures en bandes (des bandes d’une culture et de l’autre alternent dans une même parcelle).
- Les mélanges variétaux, lorsque plusieurs variétés de la même espèce sont cultivées en même temps dans une même parcelle.
- La rotation des cultures, soit un enchaînement récurrent d’une diversité de cultures sélectionnées, cultivées sur un même champ selon un cycle de temps prédéfini (succession régulière de cultures).
- Les cultures de couvertures (ou « couvertures végétales »). Elles visent à cultiver des plantes à des fins agronomiques et environnementales (par exemple, limiter les pertes en nitrates). Ceci en complément d’une culture principale, comme les cultures intermédiaires, ou les bordures entourant les parcelles cultivées.
En résumé
En réalisant une analyse statistique de l’ensemble des données expérimentales disponibles, les chercheurs montrent que ces stratégies de diversification conduisent une hausse médiane de 24 % de la biodiversité associée – soit la biodiversité non cultivée qui évolue au sein d’un agroécosystème.
La hausse concerne également la production agricole (+ 14 %). Mais également la fourniture de plusieurs services écosystémiques comme la régulation de la qualité de l’eau (+ 51 %) et du sol (+ 11 %). Ainsi que le contrôle des ravageurs et des maladies (+ 63 %).